- FRANCOPHONIE
- FRANCOPHONIEEn une trentaine d’années, à partir des années soixante, la notion de «francophonie» s’est peu à peu imposée, non sans équivoques ni résistances. Pour les uns, la francophonie repose sur le sentiment d’appartenir à une communauté que fonde l’usage d’une langue, le français. Cette communauté linguistique, qui a l’avantage de faciliter échanges et coopérations multiformes, légitime le projet politico-culturel de forger une Francophonie, c’est-à-dire une Communauté d’États ou d’entités régionales francophones. C’est ce que refusent d’autres, pour qui la francophonie ne saurait être qu’une machine de guerre visant à maintenir les anciennes possessions françaises dans des liens de dépendance linguistique et coloniale.Dans les faits, la francophonie est une réalité, qui ressort du constat qu’il existe maintenant, par le hasard de l’histoire, des groupements d’hommes parlant français sur tous les continents. En 1992, on estimait qu’il y avait dans le monde cent quatre millions de francophones, auxquels il faudrait ajouter cinquante-quatre millions de «francophones occasionnels». La langue française n’est donc plus la propriété exclusive du peuple français: les Français sont même minoritaires parmi les utilisateurs du français. Cependant, la dispersion francophone vient conforter l’ambition de ceux qui veulent maintenir la langue française à son rang de langue internationale: on insiste alors sur l’unité du français. À l’inverse, le désir d’autonomie et d’affirmation culturelle de chaque groupe francophone tend à faire émerger les particularismes: on découvre alors la diversité des français.Une notion récenteLe mot «francophonie» semble avoir été forgé en 1880 par le géographe Onésime Reclus, qui a eu l’idée de classer les populations du monde selon des critères linguistiques. Longtemps oublié, le néologisme renaît en 1962, dans un numéro de la revue Esprit consacré au «français, langue vivante». Il est alors popularisé par les prises de position d’hommes politiques africains tels Habib Bourguiba (Tunisie), Hamani Diori (Niger) ou Léopold Senghor (Sénégal). Il se charge alors de connotations idéologiques, puisqu’il semble manifester le désir d’une Afrique modérée de recueillir l’héritage de la colonisation. D’où le rejet du mot et de la notion par l’Afrique militante, qui y voit l’instrument d’un néo-colonialisme. En revanche, au Québec, le mot «francophonie» rencontre les aspirations à l’autonomie, puis bientôt les revendications d’indépendance.En Afrique comme au Québec, l’apparition d’une conscience francophone est concomitante à la liquidation de situations de domination. Que l’on soit pour ou contre, se référer à la notion de francophonie, c’est souhaiter l’établissement de nouveaux rapports entre les peuples, et c’est percevoir le pouvoir de la langue française. Or, par un paradoxe au moins apparent, c’est au moment où l’importance relative du français dans le monde semble décliner que l’on invente la francophonie. On n’avait pas éprouvé le besoin de fabriquer un mot particulier pour désigner la prépondérance du français quand il était, au XIIe et au XIIIe siècle, la langue officielle de l’Angleterre ni sa tentation universaliste quand Rivarol écrivait en 1784 son célèbre Discours .Géographie de la francophonieLa réalité francophone est mouvante. Dans un certain nombre de pays réputés francophones, le français est une langue occasionnelle, utilisée dans des circonstances de communication particulières et qu’on abandonne ensuite pour revenir à la langue maternelle ou pour passer à une autre langue d’usage. En France même, il serait illusoire d’imaginer une uniformité linguistique. Malgré la politique linguistique uniformisatrice poursuivie depuis des siècles par le pouvoir central, qui a érigé le français parisien en norme de principe, la survivance des particularismes locaux et les tentatives de renaissance des langues régionales manifestent la persistance des situations de plurilinguisme.On peut distinguer dans la francophonie quatre grands types de situation géolinguistique: les pays de français langue maternelle (Europe et Canada francophones); les pays créolophones, où le français est langue officielle ou langue d’usage, plus ou moins familière à l’ensemble de la population (Antilles, Haïti, Guyane, Réunion, Maurice, Seychelles); les pays où le français est langue de communication usuelle pour une fraction de la population et parfois langue officielle (Afrique noire, Madagascar, Maghreb, Liban); enfin, les îlots francophones, où le français, utilisé par des groupes limités ou dans des situations précises, se maintient cependant avec plus ou moins de vitalité (Moyen-Orient, Europe orientale, péninsule indochinoise...).En Europe, la frontière linguistique qui sépare les régions francophones des régions de langues germaniques n’a pratiquement pas varié depuis sa fixation: elle recouvre la limite d’extension du latin. Soutenu par des contacts multiples avec la France, le français est solidement installé en Belgique, au Luxembourg et en Suisse – ce que soulignent a contrario certaines tensions (création d’un vingt-troisième canton suisse pour satisfaire les francophones du canton de Berne ; querelles linguistiques opposant flamingants et francophones, qui menacent l’unité de l’État belge). Le Val d’Aoste est officiellement bilingue, mais la vallée s’industrialise et draine une population nouvelle qui ne parle qu’italien.Au Canada, presque un quart de la population se déclare de langue maternelle française. Mais les petites communautés francophones isolées dans les provinces de l’Ouest résistent mal à la force d’attraction de l’environnement anglo-saxon. En revanche, le Québec et l’Acadie (Nouveau-Brunswick) ont affirmé avec éclat leur identité francophone. Par la Charte du français en 1977, le Québec souhaitait rompre avec un bilinguisme jugé illusoire et imposer le français comme seule langue officielle de la province. Des particularités d’accent et de lexique donnent au français canadien son originalité: le parler de Montréal, le joual , a parfois été considéré comme le symbole d’une identité culturelle irréductible. En Louisiane, un renouveau du français chez les cajuns (descendants des Acadiens déportés en 1755) laisse espérer que les minorités francophones ne sont pas condamnées à disparaître.Les pays créolophones sont les vestiges du premier empire colonial français. Le créole, qui varie d’une île à l’autre, y demeure la langue de communication quotidienne et privée de la majorité de la population. Le français est la langue de l’administration, des pouvoirs, de l’école, de la modernité, de la communication avec l’extérieur.En Afrique, au nord comme au sud du Sahara, le français a été imposé par la colonisation au XIXe siècle. La décolonisation devait entraîner des revendications d’indépendance linguistique. Ainsi les trois pays du Maghreb poursuivent-ils, avec un zèle et des succès inégaux, une politique d’arabisation. Cependant, si l’arabe est valorisé comme langue de la tradition, de la religion, de l’authenticité, le français continue de jouer un rôle important dans la vie quotidienne et symbolise l’accès à la modernité. Au sud du Sahara, dans les anciennes colonies belges et françaises, le français a été maintenu dans son rôle de langue officielle. Même s’il n’est réellement maîtrisé que par une faible partie de la population (peut-être de 5 à 10 p. 100) et si les langues nationales africaines continuent de jouer un rôle fondamental, le français s’affirme comme langue d’intercompréhension, et l’école, malgré ses ratés, tend à le répandre. Signe indéniable d’enracinement: le français pratiqué usuellement en Afrique s’est particularisé en forgeant de nombreux néologismes, en imposant des variantes morphologiques et syntaxiques.Au Liban, où la langue officielle est l’arabe, le français, implanté au XIXe siècle par l’intermédiaire des missions, reste pratiqué par environ la moitié de la population. L’originalité linguistique du Liban tient à la résistance du bilinguisme franco-arabe, que ne semblent pas trop affecter les progrès rapides de l’anglais.Pour beaucoup d’observateurs, cependant, le français est en déclin dans le monde. Il n’est pratiqué que par environ 2 p. 100 de la population de la planète et semble faire pâle figure quand on constate la mondialisation de l’usage de l’anglais. Dans beaucoup de pays, le français a perdu son statut de langue étrangère privilégiée. Pourtant, en chiffres absolus, il connaît une progression constante, avec des succès réels dans les pays arabes et en Afrique anglophone. L’éclatement du bloc soviétique a permis de découvrir la vitalité de la francophonie en Roumanie.Une politique francophone?La coopération internationale francophone a d’abord été le fait d’organisations internationales: l’Association des universités partiellement ou entièrement de langue française (A.U.P.E.L.F.), fondée en 1961; le Conseil international de la langue française (C.I.L.F.), qui date de 1967; la Fédération internationale des professeurs de français (F.I.P.F.), née en 1969, etc. La création en 1970 de l’Agence de coopération culturelle et technique (A.C.C.T.), organisation intergouvernementale, indique une implication plus grande des États. La tenue à Paris en 1986 du premier sommet des chefs d’État et de gouvernement des pays ayant en commun l’usage du français, suivi par les sommets de Québec (1987), Dakar (1989), Chaillot (1991), Maurice (1993), marque la naissance d’une francophonie politique, qui compte déjà des réalisations importantes: la création de la chaîne de télévision T.V. 5, qui diffuse par satellite un florilège d’émissions des télévisions francophones; le développement d’une coopération juridique et judiciaire, pour soutenir les progrès de la démocratie; la création d’un réseau d’observatoires de l’environnement; la mise en place d’une large coopération universitaire francophone, par l’intermédiaire des réseaux de l’A.U.P.E.L.F.-U.R.E.F.Le rayonnement de cette action francophone a attiré dans sa mouvance des pays qui ne sont pas directement francophones: certains pays lusophones d’Afrique, la Dominique ou Sainte-Lucie aux Antilles, la Bulgarie... Cet élargissement est encourageant, car les meilleures chances de succès de la francophonie restent dans sa capacité de tolérance et d’ouverture: elle ne vivra que si elle sait écouter les autres langues et respecter les différences.• 1880, répandu v. 1960; de francophone1 ♦ Ensemble constitué par les populations francophones (France, Belgique, Canada [Québec, Nouveau-Brunswick, Ontario], Louisiane, Suisse, Afrique, Madagascar, Antilles, Proche-Orient...). La francophonie dans le monde.2 ♦ Mouvement en faveur de la langue française. Grand prix de la francophonie.francophonien. f.d1./d Caractère francophone. La francophonie de Bruxelles.d2./d Ensemble constitué par les populations francophones. La francophonie dans le monde.d3./d Ensemble géoculturel fondé sur l'usage du français comme langue commune et partageant une communauté de valeurs et d'intérêts.d4./d (Souvent employé avec une majuscule.) Ensemble des institutions constituées dans un esprit de concertation et de coopération multilatérales et regroupant, outre des pays francophones, des pays ouverts à l'action de la francophonie (sens 3).Encycl. Les origines. - Les mots francophone et francophonie apparurent en 1880, encadrés de guillemets, sous la plume de l'essayiste français Onésime Reclus (1837-1916), qui, pour la première fois, émit l'idée d'un regroupement des populations selon un critère d'utilisation de la langue française tenant compte des relations géographiques. Le premier sens de la francophonie était donc né, bien qu'il restât inaperçu. Remise à l'honneur par L. S. Senghor en 1960 (dans un numéro spécial de la revue Esprit), la notion de francophonie fut un temps concurrencée par celle de francité, que l'on doit également à L. S. Senghor, mais finit par s'imposer. Il est reconnu que les soubassements de la francophonie correspondent à la volonté principalement africaine de créer une communauté solidaire entre les anciennes colonies et la France. Ce désir fit l'objet de diverses négociations. Les états nouvellement indépendants pouvaient redouter le néocolonialisme; de son côté, le général de Gaulle voulait éviter à la France, dont la Seconde Guerre mondiale avait diminué la puissance, une trop lourde responsabilité économique. S'il reste vrai que des chefs d'état tels que L. S. Senghor, H. Diori, H. Bourguiba et, dans un autre contexte historique, Norodom Sihanouk peuvent être considérés comme les pères fondateurs de la Francophonie, celle-ci ne s'institua que lentement dans sa dimension politique. Tournant le dos à tout néocolonialisme malgré les présomptions inhérentes à ses conditions d'émergence historique, la Francophonie prit un premier essor dans les années 1960 en tant que processus culturel, à la faveur d'initiatives individuelles ou collectives, d'associations privées ou publiques (O.N.G.); sa notion globalisante servit utilement la vision humaniste d'une culture francophone médiatrice plutôt que dominatrice, favorable à la reconnaissance du dialogue des cultures à travers la langue française, qu'on considérait déjà comme un moyen d'échange et de communication en faveur de la coopération et du développement. Un ensemble de structures institutionnelles se sont progressivement créées dans le cours des deux décennies qui suivirent l'accession des états africains à l'indépendance. Ces structures favorisèrent la constitution d'un espace de solidarité entre le Nord et le Sud. Les étapes de la Francophonie institutionnelle. - Pour que la francophonie (ou Francophonie) prenne réellement corps, il fallait que des actes politiques manifestent la volonté collective des pays d'expression française de participer à la même "communauté d'espérance et de destin" (L. S. Senghor). En 1960, ces pays (notam. ceux qui cette même année avaient accédé à l'indépendance) créèrent la Conférence des ministres de l'éducation nationale des pays ayant en commun l'usage du français (Confémen); en 1961, l' Association des universités partiellement ou entièrement de langue française (AUPELF); en 1966, le Haut Comité de la langue française (devenu ensuite la Délégation générale à la langue française). En 1967, l' Association internationale des parlementaires de langue française (A.I.P.L.F.) se constitua à Luxembourg. En 1969, se tint la première Conférence des états francophones (sous le patronage d'André Malraux, ministre français des Affaires culturelles) à Niamey. La même année, la Conférence des ministres de la Jeunesse et des Sports (Conféjes) était créée pour assurer la promotion et la protection de la jeunesse. En 1970, l' Agence de coopération culturelle et technique (A.C.C.T.), agence intergouvernementale, fut créée à l'initiative de l' Organisation commune africaine et malgache (OCAM), fondée en 1966. (En 1993, tout en gardant son sigle A.C.C.T., elle est devenue l' Agence de la Francophonie.) En 1973, le premier sommet franco-africain se tint à Paris. En 1984 fut créé le Haut Conseil de la francophonie et la chaîne internationale câblée TV5 fut lancée. En 1986, la Conférence des chefs d'état et de gouvernement des pays ayant en commun l'usage du français, plus simplement désignée par l'expression de "Sommet francophone", ou même de "Sommet", se réunit pour la première fois à Versailles et à Paris, rendant ainsi officielle la dimension politique de la Francophonie. Elle tint une session en 1987 au Québec, avant d'adopter un rythme bisannuel (1989: Dakar; 1991: Paris; 1993: Maurice; 1995: Cotonou; 1997: Hanoi; 1999: Nouveau-Brunswick). Les institutions. - Consciente des liens que crée le partage de la langue française entre les états et gouvernements, qui ont adhéré au Sommet francophone, la Francophonie a, depuis 1987, structuré davantage son dispositif institutionnel et constitué ses actions en un véritable "projet francophone". Les instances de la Francophonie sont les suivantes: la Conférence des chefs d'état et de gouvernement des pays ayant le français en partage (le "Sommet": voir ci-dessus); la Conférence ministérielle de la Francophonie, constituée des ministres ayant en charge la Francophonie; le Conseil permanent de la Francophonie (C.P.F.), qui assure depuis 1993 la préparation et le suivi des Sommets sur le plan politique; l' Agence de la Francophonie (A.C.C.T.), opérateur principal; les opérateurs directs et reconnus par le Sommet: l' Agence francophone pour l'enseignement supérieur et la recherche (AUPELF-UREF), dont le siège est à Montréal et qui oeuvre au développement de la "francophonie scientifique" (c'est-à-dire au développement de la recherche et de l'enseignement supérieur en langue française) au moyen de l' Université des réseaux d'expression française (UREF), qui constitue l'Université mondiale de la Francophonie; le consortium des télévisions francophones TV5, avec ses composantes européenne, nord-américaine et africaine; l' Association internationale des maires et responsables des capitales et métropoles partiellement ou entièrement francophones (A.I.M.F.); l' université Senghor, université internationale de langue française implantée à Alexandrie. Les instances du "Sommet"permettent d'identifier régulièrement les besoins et attentes de la communauté francophone (grâce au Conseil permanent de la Francophonie) et de déterminer en conséquence les programmes d'action dont l'exécution est ensuite confiée pour l'essentiel aux opérateurs. En nov. 1997, au "Sommet" de Hanoi, le docteur Boutros Boutros-Ghali a été élu Secrétaire général de la Francophonie, poste nouvellement créé. élu pour quatre ans par les chefs d'état et de gouvernement, le Secrétaire général est responsable de toutes les instances de la Francophonie. Par ailleurs, les "Sommets" soutiennent directement une dizaine d'organismes publics ou privés, comme la Conférence des ministres de l'éducation des pays ayant en commun l'usage du français (Confémen), la Conférence des ministres de la Jeunesse et des Sports des pays d'expression française (Conféjes), la Conférence des ministres de l'Enseignement supérieur de la Recherche des pays ayant le français en partage (Confémer). Parallèlement à l'internationalisation de la politique francophone, les états et gouvernements qui participent aux "Sommets" ont pour la plupart mis en place des institutions nationales ayant compétence ou vocation pour intervenir dans l'exécution et le suivi des politiques francophones. Les membres. - Le "Sommet francophone" regroupe aujourd'hui 52 états et gouvernements, dont trois ont un statut d'observateur: le royaume de Belgique, la république du Bénin, la république de Bulgarie, la république démocratique et populaire du Burkina Faso, la république du Burundi, le royaume du Cambodge, la république du Cameroun, le Canada, le gouvernement du Nouveau-Brunswick, le gouvernement du Québec, la république du Cap-Vert, la République centrafricaine, la Communauté française de Belgique, la république fédérale islamique des Comores, la république du Congo, la république démocratique du Congo, la république de Côte d'Ivoire, la république de Djibouti, le Commonwealth de la Dominique, la république arabe d'égypte, la République française, la république du Gabon, la république de Guinée, la république de Guinée-Bissau, la république de Guinée équatoriale, la république d'Haïti, la république démocratique et populaire du Laos, la république du Liban, le grand-duché de Luxembourg, la république de Madagascar, la république du Mali, le royaume du Maroc, la république de Maurice, la république islamique de Mauritanie, la république de Moldavie, la principauté de Monaco, la république du Niger, la république de Roumanie, la république du Rwanda, la république démocratique de Saint-Thomas-et-Prince (São Tomé et Principe), Sainte-Lucie, la république du Sénégal, la république des Seychelles, la Confédération suisse, la république du Tchad, la république du Togo, la république de Tunisie, la république du Vanuatu, la république populaire du Viêt-nam (V. cartes et dossiers, p. 1380 à p. 1520); les trois observateurs sont (depuis nov. 1997): la république d'Albanie, la république de Macédoine et la république de Pologne. Stratégies et enjeux de la Francophonie dans le contexte mondial. - Le projet francophone est centré sur de grandes préoccupations qui se posent à l'échelle du monde à l'aube du XXIe siècle. Il se propose d'apporter des réponses sur les plans politique, économique, technologique et culturel. Ce dernier aspect apparaît capital aux instances de la Francophonie, qui entendent exploiter le lien existant entre ses membres pour assurer la paix, le développement, la démocratie, la défense des droits de l'homme. Le rapprochement des peuples et le renforcement de leur solidarité par des actions de coopération multilatérale devront favoriser l'essor de leurs économies. La dimension de la Francophonie a donc sensiblement changé depuis la création du Sommet. Son nouveau dispositif institutionnel, confirmé en 1997 à Hanoi (où fut adoptée une charte), et son programme sont destinés à accroître son efficacité. De simplement culturelle, la Francophonie devient aussi politique, scientifique, économique. Forte de 52 membres, elle vise à développer les alliances et les intérêts communs dans tous les secteurs de l'activité humaine: éducation, formation, relance du français scientifique, technologies au service des langues et du plurilinguisme, vulgarisation des savoirs par les médias, dynamisation des industries de la langue et de la culture. Par une politique volontariste, elle entend investir le champ stratégique des nouvelles technologies de l'information et de la communication: connexion des pays francophones du Sud, productions didactiques et culturelles en français, politique de francisation des logiciels et mise en place de réseaux électroniques francophones (V. REFER) permettant à ses langues, le français et les langues partenaires, d'être véhiculées sur les réseaux, diffusion des savoirs scientiques à l'échelle mondiale par les réseaux électroniques. Cet élan s'accompagne d'une volonté de spécifier les actions de coopération multilatérale en vue de répondre aussi bien aux besoins de proximité des communautés en rapport avec la diversité des cultures, au développement et au désenclavement des états qu'à l'intégration économique régionale et générale. Ses programmes, confiés aux opérateurs, circonscrivent cinq grands domaines mobilisateurs: un espace de savoir et de progrès, un espace de culture et de communication, un espace de liberté et de démocratie, un espace économique pour le développement, un espace réservé à la Francophonie dans le monde. D'un point de vue géopolitique, la Francophonie entend constituer elle-même une médiation entre les grands ensembles économiques et les nouveaux empires industriels à l'échelle de la planète. L'espace économique francophone représente un marché potentiel de 500 millions de personnes (12 % de la production mondiale, 18 % des échanges commerciaux internationaux) et un P.N.B. de 14 000 milliards de francs français. Une charte de l'entreprise francophone et un label francophone doivent contribuer à développer les échanges commerciaux et favoriser l'usage du français comme langue de travail dans les entreprises. Dans un tel contexte, la nature pluriculturelle de la Francophonie constitue sans aucun doute sa force principale dans le concert international. Plurilinguisme et francophonie. - Le plurilinguisme de la Francophonie constitue une réalité importante. L'espace francophone comprend environ 2 000 langues, réparties sur les cinq continents. Dans cet ensemble hétérogène, on constate l'existence de diverses variétés de langue française, nées de l'histoire, de la société, de la volonté politique et des contacts avec une multitude de langues (V. encycl. français). Les particularités lexicales du français, dont notre dictionnaire tient compte dans une perspective d'ouverture aux usages et aux cultures des communautés francophones, participent de cette diversité. La politique linguistique (instrumentalisation, normalisation, traduction, enseignement, aménagement linguistique) se trouve inscrite au coeur du projet francophone. Elle est amenée à étayer la langue française et les langues partenaires de l'espace francophone, constituant le véhicule par lequel son projet global doit s'exprimer. Les programmes d'enseignement du et en français, depuis les classes bilingues jusqu'aux filières universitaires francophones et aux instituts internationaux de formation, mis en place dans l'espace francophone, s'inscrivent dans cette stratégie du multilinguisme. En mettant en avant le pluralisme linguistique et culturel, la Francophonie affirme son projet de société et vise à proposer une solution autre que l'uniformisation due à la mondialisation industrielle et commerciale.francophonie [fʀɑ̃kɔfɔni] n. f.❖1 Caractère francophone. || La francophonie d'un groupe, d'une ville.1 Vandame, jouant de diplomatie, institua l'École laïque des fils de chefs, que les nobles noirauds fréquenteraient, obligatoirement. Pris de court telle l'hyène sous un taillis de ronces, Saïf frémit d'une indignation qu'il avala fort proprement, comme calmé par la sereine laïcité de cette impénitente francophonie.Y. Ouologuem, le Devoir de violence, p. 81.♦ Rare. Le fait de parler français; l'aptitude à parler français.2 À la terrasse du Café des Deux Palais, Gabriel (…) pérorait devant une assemblée dont l'attention semblait d'autant plus grande que la francophonie y était plus dispersée.R. Queneau, Zazie dans le métro, p. 155.2 Ensemble constitué par les populations francophones (France, Belgique, Canada [Québec, Nouveau-Brunswick, Ontario…], Suisse, Afrique, Antilles, Levant…).REM. Le mot, lorsqu'il prétend conférer une cohésion à l'ensemble humain mal défini qu'il désigne, est parfois très critiqué.
Encyclopédie Universelle. 2012.